Live Rollup : Cryptomatrix 30/10/2023
Source : https://www.youtube.com/watch?v=kwkPhxx_mvg
État du marché
Point de vue de CM (1:30)
Malgré le bombardement d'infos auquel on est exposé depuis ces dernières années, les marchés ont profité de l'impression monétaire liée au COVID qui a amené de nombreux particuliers à s'intéresser aux marchés financiers et aux cryptomonnaies.
On a beau être optimiste sur les cryptos en 2024, on s'attend à une récession aux États-Unis pour cette année. Preuve à l'appui, les marchés traditionnels comme le S&P500 sont en correction. À voir si les marchés tradi et crypto seront corrélés.
La cyclicité du marché ressemble à s'y méprendre aux cycles précédents. Étant donné l'approbation des ETF Bitcoin Spot et les avancées prévues sur Ethereum, les bases du prochain cycle haussier sont toutes trouvées pour 2024.
Point de vue de Marc (7:30)
Le contexte macroéconomique n'est pas encore propice au lancement d'un cycle haussier, mais il ne faut pas attendre car quand ça démarre, ça va vite.
Il y a souvent un déni de bull market, qui est juste un traumatisme du bear market précédent. Mais il faut savoir s'adapter car un cycle sert à apprendre, le suivant à en profiter.
Le prochain cycle arrive bientôt, il est temps d'en profiter.
Point de vue de Manu (10:00)
Le marché se déroule comme prévu. Le contexte macroéconomique ne favorisera pas l'atteinte de nouveaux sommets à court terme. Mais on peut s'attendre à une reprise peu avant le halving du Bitcoin.
L'offre limitée actuelle sur les plateformes centralisées pourrait accentuer la hausse en cas de demande spot importante
Le prochain cycle haussier pourrait durer 1 an mais démarrer plus tôt que prévu vu le contexte. La plupart des investisseurs se sont déjà positionnés au cours de ces 2 dernières années.
"Il s'est pété la gueule ton Bitcogne !" (13:00)
Lorsqu'une personne parle de cryptos avec un déterminant possessif, c'est un vrai signe qui annonce la tendance (la capitulation dans notre cas)
Les particuliers reviennent généralement sur le marché crypto lorsque les prix ont déjà fortement augmenté, poussés par la peur de manquer la hausse (ce qui n'est pas rationnel). Il est nécessaire de voir le prix comme un rapport bénéfices/risques.
Nous avons tous fait des erreurs (15:30)
La plupart des investisseurs arrivent tard dans le cycle haussier, restent dans des altcoins pour chercher le prochain x100, puis les alts s'effondrent et c'est ainsi qu'on perd de l'argent.
C'est un apprentissage normal dans l'investissement crypto, et toutes les personnes qui prétendent ne jamais l'avoir fait nous mentent.
Les maximalistes de tous bords veulent donner l'impression qu'il n'ont investi que dans une seule crypto, mais ce n'est qu'une façade. Dans les faits, ils sont aussi degens que nous (mais vu que c'est mauvais pour leur "réputation", ils préfèrent le déni)
Même Abdel (qui possède uniquement du BTC et de l'ETH aujourd'hui) a investi sur plein d'alts lors de son premier cycle.
Abdel clashe Elrond, ça tourne mal ! (Explications)
Qui est Abdelhamid Bakhta ? (19:30)
- Ecole d'ingénieur spé monétique, c'est-à-dire les systèmes monétaire et systèmes d'acquisition (Visa, Mastercard...)
- A travaillé dans une Fintech : une des premières en Europe à avoir implémenté les spécifications MasterCard et Visa pour pouvoir payer en sans contact
- A rejoint Consensys en 2018, où il contribuera en tant que Core Dev pendant 3 ans et demi
- A contribué à l'EIP-1559 (l'EIP majeure de la mise à jour London)
- Après l'EIP-1559, Abdel a fait un détour chez Cosmos pour finalement revenir sur Ethereum, plus précisément chez Starknet en tant qu'Exploration Lead
Son problème avec Elrond (25:00)
Pour Abdel, la technologie n'est qu'un moyen, elle doit servir un objectif philosophique. L'objectif principal des blockchains est d'atteindre une décentralisation, sécurité et résistance à la censure suffisantes pour résister à des attaques gouvernementales.
Ethereum et Bitcoin sont les plus crédibles pour cet objectif. Et encore, on parle juste de crédibilité, nous ne sommes mêmes pas sûrs qu'Ethereum et Bitcoin puissent vraiment l'atteindre, d'où la nécessité de concentrer un maximum d'efforts sur ces blockchains.
Le problème avec Elrond est qu'ils se prétendent être un "Ethereum en mieux" alors que leur proposition de valeur n'a rien à voir avec Ethereum, et le projet joue sur cette ambiguïté pour attirer l'attention.
De plus, il manque de développeurs de talent dans l'écosystème crypto actuel. Répartir les efforts sur trop de blockchains différentes nuit à l'atteinte d'une masse critique sur les meilleurs protocoles.
En tant que "minimaliste", Abdel ne souhaite pas la mort des autres blockchains, mais de son point de vue c'est dommage de disperser l'attention sur d'autres blockchains qui n'ont pas une vision aussi claire que Bitcoin et Ethereum.
Le marketing dans la blockchain (30:00)
Il doit y avoir une vraie distinction entre les blockchains d'infrastructure (Layer 1) qui doivent se concentrer sur la technologie, et les Layer 2 qui ont besoin de marketing pour se faire connaître.
Abdel est beaucoup moins tolérant vis-à-vis du marketing des Layer 1 qu'avec le marketing des Layer 2, car le Layer 1 représente les fondations sur lesquelles les Layer 2 vont se baser. Construire une forteresse sur une terre sismique n'a pas de sens
Chaque cycle possède ses blockchains sponsorisées (33:00)
Lors de chaque cycle haussier, de nouveaux projets émergent et sont fortement promus :
- EOS, NEO, IOTA en 2017
- Solana, Elrond, Terra en 2021
Si on devait connaître un autre cycle, il y aura forcément d'autres projets de la même trempe qui apparaîtront. Mais aujourd'hui, EOS, NEO et IOTA ont disparu des radars, faute de développement.
On peut faire parler de soi le temps d'un cycle. Mais pour qu'un projet connaisse un deuxième cycle haussier, il faut bien plus que du marketing.
Faire mieux ne suffit pas (39:00)
L'argument historique des altcoins était d'être plus rapides et moins cher que les blockchains de référence :
- Litecoin était plus rapide et moins cher que Bitcoin
- La BSC était plus rapide et moins chère qu'Ethereum
Mais avec l'arrivée des Layer 2, cet argument n'est plus crédible puisque ce sont les Layer 2 qui assurent la scalabilité.
Compte tenu de la communauté massive de développeurs Ethereum et des Layer 2 qui comptent se déployer sur ce réseau, Un Layer 1 doit avoir une proposition de valeur 100 fois meilleure pour espérer le surpasser.
Si une 3ème blockchain devait exister, il est très probable que sa volonté de décentralisation soit compromise par les investisseurs lors du lancement. Aujourd'hui, il s'avère que les enjeux d'innovation ont basculé sur les Layer 2, et Starknet est l'un des prétendants
Starknet & son écosystème
C'est quoi Starknet ? (43:00)
Starknet est un Layer 2 d'Ethereum, plus précisément un "Validity Rollup" puisqu'il utilise les Zero-Knowledge Proofs (ZKPs) pour prouver l'intégrité des calculs réalisés sur ce réseau et augmenter la scalabilité.
Mais quand on utilise des ZKPs, on utilise une technologie qui n'est pas compatible avec la machine virtuelle d'Ethereum (EVM) de prime abord.
Certains projets prennent le parti de rendre les ZKPs compatibles avec l'EVM, d'autres comme Starknet prennent le parti de construire leur propre machine virtuelle, avec leur propre langage de programmation.
En l'occurence, leur langage de programmation s'appelle Cairo (qui se base beaucoup sur le langage Rust) et c'est en utilisant ce langage qu'on peut construire des applications sur Starknet, qui sont ensuite sécurisées sur Ethereum.
Le projet Kakarot (47:30)
Ce projet venait d'une blague de Marc, qui disait que sur Polygon zkEVM, il suffisait de copier-coller le code alors que Starknet nécessitait d'apprendre un nouveau langage, tester les nouveaux smart contracts...Bref, tout un foutoir.
Kakarot est un projet open source visant à pouvoir exécuter des smart contracts Solidity sur StarkNet pour outrepasser cette difficulté.
Aujourd'hui, le projet est autonome et a obtenu plusieurs financements, dont un provenant de Vitalik Buterin.
Kakarot peut aussi s'exécuter en "layer 3", c'est-à-dire déployer sa propre blockchain avec Kakarot.
Wen Token ? (1:20:30)
Le token STRK aura 3 utilités :
- Gouvernance
- Staking
- Gas token
Mais pour le bien du projet, il est préférable d'attendre avant de sortir le token. D'une part, le projet n'est pas suffisamment mature pour le lancer de façon saine, et d'autre part les conditions de marché ne s'y prêtent pas vraiment. Rendez-vous en 2024 pour plus d'infos
Starknet X Polkadot (1:26:00)
Abdel a démarré un projet appelé "Madara" qui est un séquenceur Starknet utilisant Substrate, le kit de développement de Polkadot, dans le but de créer des Layer 3s. (7 termes de jargon en une seule phrase, comme quoi les résumés ça n'aide pas)
Le premier Layer 3 actuellement en développement est Pragma, un projet d'oracle décentralisé.
Les Layer 3s : l'avenir de la blockchain
Description les Layer 3s (50:40)
D'après Abdel, les Layer 3s sont la meilleure fusion entre Ethereum et Cosmos car ils permettent d'avoir sa propre blockchain avec peu de frais tout en conservant la sécurité d'Ethereum.
En un sens, les Layer 3s existent déjà : Des projets comme le réseau social Lens utilisent "Momoka", un réseau créé par Bundlr et Arweave pour réduire considérablement les frais de transaction des posts (qui étaient très élevés à l'époque où Lens basait ses transactions sur Polygon PoS)
La majorité des projets de Rollups créent en ce moment leur kit de développement :
- Arbitrum avec Nitro/Orbit
- Optimism avec l'OP Stack
- Polygon avec Polygon CDK
- zkSync avec ZK Stack
- Starknet avec les Appchains
Le Layer utilisé dépend de la taille des transactions (53:10)
Si les avantages des Layer 3s sont évidents, ils impliquent cependant des fortes concessions en termes de décentralisation et de sécurité par rapport aux Layer 1 et 2.
Pour Marc, la sécurité est un faux débat car pour des transactions quotidiennes, la sécurité maximale n'est pas indispensable. Pour ce qui est des transactions de grande valeur comme un achat immobilier, on est prêts à attendre plus longtemps et payer plus de frais sur Layer 1.
À terme, utiliser différentes couches sera naturel en fonction du type de transaction.
Toutes les technologies convergent (55:45)
Les visions de Ethereum, Cosmos, Polkadot et d'autres convergent vers le même constat : les blockchains monolithiques ne sont pas viables, et il vaut mieux s'orienter vers les blockchains modulaires.
Monolithique, modulaire, WTF ?
Une blockchain a 4 fonctions principales :
- Consensus : Sert à garantir la sécurité, l’intégrité et l’accord entre les noeuds.
- Settlement : Vérification de la validité des transactions par les noeuds du réseau
- Données : Stockage de données dans la blockchain
- Exécution : Mise en œuvre de la puissance de calcul pour réaliser les transactions
Quand une blockchain fait toutes ses fonctions elle-même, c’est une blockchain “monolithique”. Mais elles ne sont pas utilisables à grande échelle
Les blockchains modulaires séparent ces fonctions pour être effectuées par des réseaux conçus pour une fonction précise
- Données : Celestia, EigenDA
- Exécution : les Rollups en général
Cela permet à l'utilisateur de se concentrer uniquement sur les aspects qui l'intéresse (DeFi, NFTs, etc) via des layers dédiés.
Avalanche avait l'idée des subnets comme une forme de Layer 3 mais peine à concrétiser. Finalement, les Layer 3s sont les véritables concurrents de Cosmos/Polkadot/Avalanche
La mise à jour Cancun
Du sharding à l'EIP-4844 (58:00)
Le sharding initial d'Ethereum 2.0 portait sur l'exécution sur plusieurs chaînes parallèles pour répartir la charge, synchronisées par la Beaconchain.
Mais le véritable problème qui empêche la scalabilité de la blockchain concerne la couche de données et non l'exécution, ce modèle a donc été abandonné.
La nouvelle feuille de route d'Ethereum consiste à réaliser le sharding sur le stockage des données, et l'exécution est effectuée par les Rollups.
Les deux phases (1:01:30)
Le sharding de données arrive en deux phases :
- Le Proto-Danksharding (EIP-4844) qui va créer un marché séparé pour la donnée et l'exécution des transactions + lancer les blobs qui permettront d'envoyer des données de transactions sans exécution (le nombre de blobs est à définir)
- Le Danksharding (on ne sait pas quand), qui va considérablement augmenter le nombre de blobs
Qu'est-ce que ça apporte ? (1:03:00)
Actuellement, les frais de réseau servent à payer toutes les ressources d'une transaction (exécution, données, etc). Vu que les données coûtent très cher, toutes les transactions coûtent très cher (90% des coûts de fonctionnement des Rollups concernent la donnée)
Le Proto-Danksharding permet de dissocier les frais de données des frais d'exécution, et de créer une "bande passante" de données réservée aux Layer 2s
=> Le frais d'utilisation des Optimistic Rollups et Validity Rollups vont considérablement baisser
La lenteur d'Ethereum, parlons-en
"C'est trop lent !" La communauté crypto (1:06:00)
Quand Ethereum annonce un délai, il est préférable de multiplier ce délai par deux pour éviter d'être déçu. Après tout, les mises à jour de London et The Merge se sont fait copieusement attendre
Trop de lenteur porte préjudice au réseau. Bitcoin est la blockchain la plus sûre, mais elle est tellement rigide qu'on se demande si elle pourra vraiment assumer son rôle à l'avenir.
"Ca va trop vite !" Abdel (1:14:00)
Les mises à jour lentes d'Ethereum sont gage de sécurité. L'inertie n'est pas négative, elle évite de changer les fondamentaux à tout va. Dans le développement logiciel, c'est encore plus critique en blockchain où on ne peut pas revenir en arrière.
Il vaut mieux consolider les bases avant un onboarding massif des utilisateurs, au lieu de les embarquer tout de suite pour les faire fuir à cause d'une expérience utilisateur mauvaise.
"La fondation Ethereum doit avoir une date de péremption" Marc (1:16:00)
L'Ethereum Foundation ne devrait pas être éternelle et devrait rester neutre. Si cette dernière existe encore dans 5 ans, Marc estime qu'Ethereum aura échoué
Une fois les fondations comme le sharding livrées, l'Ethereum Foundation pourrait devenir une simple entité de financement, de la même façon que Gitcoin Grants.
Le relais du développement devrait être pris par les DAOs des applications comme Aave, Maker, etc...
En vrac
Utilisation de Zero Knowledge Proof ne veut pas dire "ZK Rollup" (45:00)
Les ZKP peuvent être utilisées pour la scalabilité et la confidentialité. La plupart des Layer 2 utilisent les ZKP pour la scalabilité, donc on les appelle des "Validity Rollups"
Aztec est le seul Layer 2 qui peut être qualifié de "ZK Rollup", puisque c'est le seul à utiliser les ZKP pour la confidentialité des transactions
Nous n'avons encore rien vu des Layer 2s (1:07:30)
Il y a plus d'une trentaine de Rollups aujourd'hui, mais avec tous les kits de développement qui se créent, et même les solutions pour déployer ses rollups en 3 clics comme AltLayer, nous n'en sommes qu'au début.
Dès que les fonds de capital-risque n'auront plus d'idées dans quoi investir, ils vont se lancer dans les Layer 2s et probablement investir dans des copiés-collés d'Arbitrum en moins bien
En parlant d'Arbitrum, ils ont déjà annoncé plus d'une dizaines d'Appchains sur Orbit. Bref, nous n'avons encore rien vu des Layer 2s
Data Availability Layers (1:18:30)
Avec Celestia pour ne citer que lui, on peut choisir la couche de données sur lesquelles nos transactions sont envoyées
Ethereum représente la donnée la plus sûre qui soit, mais elle coûte très chère. En choisissant Celestia, on sacrifie une partie de la sécurité pour que ça coûte beaucoup moins cher.
C'est quoi Rust ? (1:29:00)
Rust est un langage de programmation populaire dans la blockchain pour ses performances et parce qu'il est apprécié des développeurs. Sa principale force est la gestion mémoire sans compromis sur les performances.
Son adoption crée un cercle vertueux : plus il est utilisé, plus il y a d'outils et de développeurs, et plus il est utilisé
Beaucoup de blockchains sont basées sur Rust : Solana, Polkadot, Near, Elrond, Starknet...Il existe beaucoup d'opportunités dans la blockchain pour les devs Rust.
Éviter de réinventer la roue (1:31:45)
Abdel a commencé à parler de Zig, un nouveau langage émergent, performant et notamment utilisé dans certains projets Solana. Mais Marc a préféré calmer le jeu car il est dangereux de se perdre dans tous les nouveaux langages à la mode.
Historiquement, d'autres langages comme Serpent ont existé sur Ethereum avant d'être délaissé (pour des raisons évidentes) au profit de Vyper.
En tant que développeur, on réussit mieux en se spécialisant sur 1 ou 2 langages plutôt que d'être moyen sur tous les langages. On doit se concentrer sur ceux utiles pour nos usages.
Cependant, au niveau protocolaire, c'est un atout d'avoir une diversité de langages : cela permet d'attirer des développeurs de différents horizons. En parallèle, cela renforce la résilience grâce à la diversité des implémentations. Si tous les clients d'une blockchain sont codés avec le même langage, tous les clients sont vulnérables en cas de problème.